Approche de surveillance commune pour les aires marines protégées

Les AMP méditerranéennes ont besoin de données pour identifier les pressions principales, comprendre les effets des activités humaines, planifier des actions concrètes, protéger les écosystèmes côtiers et marins, et suivre l’efficacité des mesures de protection mise en oeuvre.
Pour cela, le projet AMAre a adopté une approche de surveillance commune pour évaluer l’effet des facteurs stressants d’origine humaine sur trois habitats spécifiques : Cystoseira spp., Posidonia oceanica, et les formations coralligènes.

Infrastructure technologique

La surveillance commune des trois habitats ne nécessite pas d’infrastructures technologiques coûteuses ou importantes. L’acquisition automatique de données biologiques par des capteurs spécifiques est à l’étude dans de nombreux projets de l’UE et sera un futur défi
dans le cadre de la Croissance bleue, conformément à la vision de la directive-cadre stratégie pour le milieu marin (DCSMM). Actuellement, un personnel d’AMP bien formé se concentrant sur quelques variables étudiées (couvert de la canopée des macroalgues et des herbiers, densité des pousses de posidonie, couvert et nombre d’espèces bien visibles et groupes fonctionnels chez les formations coralligènes) peut être la solution à la surveillance des AMP.
Ces variables peuvent être évaluées à l’aide d’estimations visuelles, d’enregistrements macrophotographiques et de vidéos prises par des ROV.

Formation

Des formations sont recommandées pour le personnel des AMP afin de poursuivre la surveillance directe, grâce à des interactions continues avec les instituts de recherche et les agences environnementales à même de faciliter l’acquisition et l’analyse des données.

Investissement

De récentes évaluations à grande échelle ont indiqué que les AMP manquent souvent de budget dédié à la surveillance. Dans le Plan de gestion, les coûts de surveillance doivent être inclus et un financement externe (opérationnel) constant devra être garanti pour permettre
une surveillance à long terme. De plus, un plus grand échange d’informations entre les gestionnaires d’AMP et les autorités chargées de la DCSMM (pour bien connaître les objectifs, plans et activités de surveillance de chacun) est vivement recommandé pour optimiser les coûts.

Concept

La surveillance fait partie intégrante de la gestion des aires marines car elle fournit les données requises pour évaluer les changements au niveau des espèces et habitats marins suite à la mise en place des AMP. Toutes les AMP devraient avoir des sites de surveillance pour contrôler les changements affectant les espèces/habitats vulnérables, au sein et à l’extérieur des AMP. Les méthodes doivent être homogènes entre les AMP pour générer des résultats comparables. La surveillance ne doit pas se limiter aux composantes biologiques. Elle doit être corrélée aux variables environnementales, aux utilisations humaines et aux atouts socio-économiques découlant de la gestion des AMP.

Fréquence de mise en oeuvre recommandée

Une seule date d’échantillonnage (mai-juin) est souvent suffisante pour une surveillance à long terme des variables biologiques.

La difficulté est d’obtenir un réseau de sites protégés surveillés en utilisant la même approche concernant les variables étudiées communes dans le cadre de la DCSMM.
Un vrai défi subsiste : atteindre une limite entre la pertinence scientifique générale, le besoin de législation (UE) sans compromettre l’interopérabilité à l’échelle méditerranéenne, et la faisabilité lors de la détermination des variables à surveiller.
Le partage de ces informations est aussi difficile car elle requiert plus de communication entre les gestionnaires d’AMP, et des plateformes dédiées.

Résultats quantitatifs

Aujourd’hui, les gestionnaires d’AMP ne connaissent généralement pas le statut actuel de leurs aires protégées ni l’efficacité des mesures de conservation. Des informations quantitatives à échelle réduite, obtenues grâce à la surveillance, sont cruciales pour éclairer les gestionnaires sur les effets de la protection et la viabilité des utilisations humaines. Ces informations quantitatives devraient être recueillies avec des modes d’échantillonnage adaptés et la puissance statistique nécessaire pour détecter écologiquement, économiquement et socialement les changements pertinents par rapport aux aires extérieures, non protégées.

Autres applications potentielles

Le projet AMAre d’Interreg (https://amare.interreg-med.eu/) démontre qu’une étroite collaboration entre les scientifiques et les gestionnaires d’AMP génère des connaissances approfondies sur la répartition de la biodiversité et celle des utilisations humaines, grâce à la création d’un géoportail spatial pouvant servir dans chaque AMP et entre les AMP.
C’est un bon exemple parmi les outils suggérés pour accroître et partager les connaissances, et surveiller les AMP.