Méthodologie de surveillance pour la pêche artisanale au sein et autour des AMP

Pour être efficaces, les pratiques de gestion des AMP doivent intégrer correctement la complexité de la pêche artisanale et son impact, non seulement sur l’environnement (par prélèvement des ressources halieutiques) mais aussi sur les systèmes économiques et sociaux qui en dépendent. Ainsi, il est vraiment nécessaire de recueillir des données pertinentes sur les multiples aspects de la gestion de la pêche artisanale afin d’élaborer et d’adapter des plans et stratégies de gestion viable.
Ce document suit une approche multidimensionnelle globale et propose des méthodes intégrées différentes pour recueillir les données relatives aux variables spécifiques dont le suivi est nécessaire au développement d’une gestion viable de la pêche artisanale au sein et autour des AMP, le but étant d’obtenir un scénario gagnant-gagnant en termes d’objectifs de conservation et de pêche.

Infrastructure technologique

• Il est conseillé de surveiller les assemblages de poissons en utilisant à la fois des comptages visuels sous-marins (UVC) et des systèmes de vidéo sous-marine appâtés horizontaux (H-BUV). Les UVC à l’aide de transects par bandes de 25 × 5 m (une superficie standard largement utilisée dans le monde et surtout en Méditerranée) sont réalisés par des plongeurs nageant à une vitesse
  constante et identifiant, comptant et estimant la taille de tous les individus sur 2,5 m de chaque côté de la ligne de transect. Chaque unité H-BUV est composée d’un cadre en acier inoxydable avec un sac en mailles à l’une des extrémités, contenant une quantité fixe d’appât (c.-à-d., des sardines écrasées pour garantir une plus grande dispersion de la zone de diffusion, généralement 400 g
  de Sardina pilchardus par H-BUV), et deux caméras vidéo stéréo GoPro Hero 3 haute résolution (720 p) à l’autre extrémité, dans un boîtier étanche. Chaque unité H-BUV est reliée par une corde à une large bouée à la surface, et à deux petites bouées à proximité de l’unité.
• Des « squidpops » (appâts au calamar) sont également recommandés pour évaluer l’intensité de la prédation liée aux poissons mésoprédateurs. Un « squidpop » est un disque de 1,3 cm de diamètre à base de manteau de calamar séché attaché à une tige de 30-60 cm, laquelle est soit insérée dans les sédiments d’habitats dans les fonds meubles, soit fixée à des structures existantes.
  Sous l’eau, les tiges sont espacées de 1-2 m en rangées simples ou doubles et filmées par une caméra sousmarine pendant la première heure.
• Un appareil-photo pour photographier les captures et débarquements de poissons, ainsi qu’un logiciel d’analyse des images (par ex. ImageJ) pour évaluer la longueur et le poids humide de chaque spécimen dans le laboratoire.

Formation

Une formation spécifique est requise pour concevoir les activités de surveillance et pour utiliser les techniques mentionnées ci-dessus.

Investissement

Un équipement spécifique (appareils-photo, logiciel, bobines, etc.) doit être acheté pour appliquer les méthodologies suggérées. De plus, les coûts habituels pour les activités en mer doivent être prévus.

Concept

Les Lignes directrices portent sur la surveillance des techniques et variables suivantes :

• Facteurs environnementaux : surveiller les assemblages de poissons par UVC, à l’aide de transects par bandes, et grâce à des H-BUV ; et évaluer l’effet potentiel des AMP sur l’intensité de la prédation et le contrôle écologique descendant, à l’aide de « squidpops ».
• Facteurs économiques : comparaison entre les captures par unité d’effort (CPUE) et les revenus par unité d’effort (RPUE) obtenus au sein de l’AMP, et ceux obtenus dans les zones de pêche ouvertes à l’extérieur de l’AMP, en utilisant le même équipement et, autant que possible, dans les mêmes habitats et zones bathymétriques.
• Autres facteurs (sociaux, culturels, sanitaires et de gouvernance) : d’autres domaines (et variables spécifiques) de la dimension humaine ont été évalués en termes de bien-être humain des communautés de pêcheurs artisanaux, en consultant de nombreux
  documents et en recueillant l’avis d’experts grâce à deux questionnaires.

Fréquence de mise en oeuvre recommandée

Des études de surveillance sur plusieurs années sont recommandées afin d’estimer les tendances temporelles des résultats évalués. Dans ce contexte, il est fondamental d’insister sur l’importance de la planification de solides modèles et stratégies d’échantillonnage, mettant en
évidence les effets des AMP sur une série de variables, tout en rendant compte de la variabilité naturelle et spatiale dans le système étudié.

Les pêcheurs peuvent être peu disposés à participer et à répondre au questionnaire ; ainsi, de bonnes pratiques ont été identifiées, recommandant notamment d’adopter une attitude neutre et objective, de s’entretenir avec les pêcheurs quand ils ne sont pas trop occupés et de garantir la confidentialité de l’entretien. Un problème similaire peut survenir lors de la surveillance des captures au débarquement.
Il est donc conseillé de réaliser la surveillance et les études scientifiques en partenariat avec le personnel scientifique/technique des AMP et les institutions scientifiques, pour s’assurer que les méthodes choisies, le type de contrôle sur le terrain et le mode d’analyse des données permettent de tirer de réelles conclusions.

Résultats quantitatifs

La mise en oeuvre de ces méthodes peut permettre la collecte de données essentielles sur les aspects environnementaux, économiques et sociaux de la pêche artisanale, ce qui est indispensable pour soutenir des stratégies de gestion efficaces.

Autres applications potentielles

Ces Lignes directrices sont prêtes à être adoptées et appliquées dans toute AMP méditerranéenne.

Exemple représentatif de la méthodologie de collecte de données sur les captures (pêche artisanale).